Des raisins trop verts, d’Anne MG Lauwaert aux éditions Mon petit éditeur

 

lauwaert-raisinsPar Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Justice (Bénévent, 2005) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009). Son site web : www.fredcandian.fr

Ce livre pourrait n’être qu’un simple carnet de voyage. Ce pourrait être un livre d’exploration où le dépaysement se mêle à l’exotisme. Ce pourrait être encore, sur fond de passion pour la montagne et l’exploit sportif, le compte-rendu d’une aventure humanitaire. Le dernier récit autobiographique d’Anne MG Lauwaert est un peu tout cela en même temps, avant de basculer de manière inattendue vers l’évocation du choc des civilisations entre un Orient et un Occident décidément bien difficiles à réconcilier. On pourrait même penser, dans la première moitié du livre, alors que l’auteure arpente pour la première fois les contreforts pakistanais du K2, dans le massif de l’Himalaya, que son cœur penche du côté de ces populations autochtones, condamnées à une vie rude. Anne MG Lauwaert s’offusque à juste titre de l’arrogance et du mépris affiché par ces alpinistes européens, qui font de l’Asie centrale leur terrain de jeu.

Mais c’est en voulant se rapprocher du peuple pakistanais que notre voyageuse va prendre conscience du fossé qui sépare les deux mondes, et du danger que représente pour le monde moderne la persistance de mentalités archaïques. Et ce qui aurait pu n’être qu’un traité d’ethnologie devient un brûlot politique féroce, apte à déboulonner toute tentative de condescendance occidentale envers ce qu’il convient encore d’appeler le tiers-monde.

Dans Des raisins trop verts, l’Occident imbu de lui-même en prend pour son grade, mais l’Orient n’est pas épargné, lui non plus. Et sous le vernis humanitaire et paternaliste que nous autres, Occidentaux, avons trop souvent tendance à appliquer sur la face des « pays pauvres », c’est la menace, terrifiante et bien réelle d’un Occident en péril qui se dévoile.

L’argumentation d’Anne MG Lauwaert est imparable. Elle a vu, donc elle sait. Elle a vécu parmi les Pakistanais, elle a accueilli chez elle un Pakistanais. Elle a compris qu’une vision fausse de part et d’autre engendre d’épouvantables drames humains, car chacun projette sur l’autre ses fantasmes sans tenir compte de la réalité.

C’est la question épineuse de l’immigration, qui est posée ici, et abordée sans tabou, avec aplomb et lucidité.

2 comments

  • J’ai lu ce livre et avec beaucoup de plaisir car le style est limpide, les idées claires… il est convaincant et je le fais lire à des amis « idéalistes ». Les idéalistes sont dangereux: ils ignorent la réalité jusqu’au moment où elle leur tombe dessus et alors ils deviennent agressifs car ils sont déçus. Si les êtres humains pouvaient admettre que nous sommes tous différents, que nous le resterons… nous pourrions peut-être nous enrichir de nos différences au lieu de les mépriser? Le livre d’Anne Lauwaert nous aide à comprendre.

    • Bonjour Mia, et meilleurs vœux pour 2015, à vous et à Claude ! je suis très heureux de vous retrouver sur mon tout nouveau site, qui démarre sur les chapeaux de roues avec le livre d’Anne. A bientôt, n’hésitez pas à revenir souvent commenter les publications ds auteurs.

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