interview : Adélaïde dean

310adelaide-deanPar Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr

Comment êtes-vous arrivée à l’écriture ?

J’ai toujours adoré écrire, dès l’enfance. A quatre ans, je rêvais de devenir écrivain. Les livres me fascinaient, et donc l’écriture aussi. J’aimais le geste, l’odeur de l’encre, la matérialisation des idées sur le papier. J’ai écrit mes premières nouvelles vers sept ou huit ans, mes premiers articles vers dix ans. Je fabriquais un petit journal avec des feuilles d’écolier et je le distribuai dans la résidence où je passais mes vacances ! Et cela n’a jamais cessé. J’ai exploré toutes les formes d’écriture : poésie, essais, romans, scénarii, articles journalistiques… Je me sens à l’aise dans toutes, avec une prédilection pour les romans courts toutefois. J’adore inventer des personnages, leur donner forme et vie, les voir évoluer. Bref, l’écriture est plus qu’une passion, elle fait partie de moi depuis toujours.

A qui s’adressent vos livres ?

J’ai envie de dire : à tout le monde ! Mais le fait est qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Comme je suis très éclectique dans mes écrits, c’est difficile pour moi de répondre à cette question. Il me semble cependant que toute personne qui s’intéresse aux méandres humains peut aimer mes livres.

Quel est le sujet de votre dernier livre ?

« Le dernier jour » parle de la mort. De notre relation avec la mort, et donc avec la vie. On vit dans une société qui évacue au maximum le concept même de finitude : il faut être jeune, en bonne santé, performant… ou faire semblant de l’être. Regardez les retraités : ils parcourent le monde et font du sport ! Il n’y a plus de place pour l’accueil de ce passage, de cet arrêt. Du coup la mort est vécue comme une injustice, quelque chose de laid, presque tabou. Je trouve cela dommage car vivre en bonne harmonie avec notre finitude permet à mon sens de mieux profiter de la vie, d’en saisir toute la beauté, et surtout de ne pas perdre son temps à tenter de plaire aux autres. Si nous pensions chaque jour qu’il peut être le dernier, alors nous savourerions toutes les belles opportunités de bonheur que nous offre la vie. Mais comment le faire sans se brûler les ailes ? Trouver le juste milieu entre l’intensité et la prudence est un exercice délicat… Ce sont là quelques-unes des questions qu’explore le roman.

Cherchez-vous à transmettre un message dans votre livre ou vos livres, et si oui, lequel ?

Au fil des ans je me suis rendu compte que mes livres abordaient principalement – sous des formes très variées – deux thématiques : le bonheur et l’amour. J’essaye de montrer qu’il n’y a pas une seule façon d’être heureux, une seule façon d’aimer, et que tout jugement en la matière est absurde. J’aspire à un monde meilleur, plus tolérant, plus humain, et il me semble que cela passe par la liberté d’être soi-même. Beaucoup de gens vivent sous le joug d’injonctions intérieures qui les empêchent d’être heureux et d’aimer vraiment. Mes livres tentent de les en libérer. De manière générale, je crois qu’il n’y a pas de bonheur possible sans amour (au sens large) : c’est le message qui traverse mes romans.

Quelles sont vos influences ou vos sources d’inspiration ?

Mes influences sont si nombreuses qu’il serait impossible de toutes les citer ! J’ai fait des études de Lettres et j’enseigne la littérature, ce qui fait de moi un véritable creuset d’influences. Mais quelques auteurs m’ont marquée plus que les autres. Parmi eux, Hermann Hesse arrive en tête de liste, suivi de près par Marguerite Yourcenar et Virginie Despentes. Des écrivains qui n’ont rien à voir les uns avec les autres ! Mais je trouve chez chacun d’eux un univers propre qui m’emporte totalement. Quant aux sources d’inspiration, elles proviennent surtout de ce que j’observe chaque jour autour de moi.

Avez-vous un conseil pour les auteurs débutants ?

Soyez vous-même, n’écrivez pas pour plaire, ayez confiance en votre passion, et travaillez, travaillez, travaillez sans relâche votre écriture.

Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?

Oui, plein ! J’ai toujours au moins trois ou quatre projets en tête. Certains sont abandonnés en cours de route, d’autres vont au bout du chemin. En ce moment je travaille sur des ouvrages non littéraires, tout en laissant s’échafauder mon prochain roman. J’ai besoin de beaucoup de temps pour que prenne forme un sujet, une histoire. C’est un processus quasi inconscient, qui s’élabore par petites touches. Et un beau jour, le roman est là : je n’ai alors plus qu’à l’écrire. Le prochain parlera du Temps, de la maîtrise du temps, et de physique quantique. Un chanteur a eu cette très belle phrase : « Le temps, c’est de l’amour ». Je vais explorer cela.

Un dernier mot ?

« Au début était le Verbe ». Sans être très versée dans la religiosité, je crois que cette phrase est essentielle. C’est par les mots, le fait de nommer les choses, que nous bâtissons notre vie, nos croyances, nos aspirations, notre être même. Sans langage, nous ne sommes que des animaux. En ce sens, la littérature mais aussi toutes les formes d’écrit sont fondamentaux à mes yeux, car du bon usage des mots dépend le devenir de notre humanité.

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