Billet d’humeur: les réformes de l’Education Nationale

jthibautPar Jeanne Thibault, lauréate du Prix de l’auteur sans piston d’Aquitaine pour son livre Petites histoires ordinaires (Edilivre, 2012)

Voilà de nouveau l’école au centre des « réformes ».

Après la refondation qui s’est soldée par de nouveaux rythmes scolaires, ou mieux, dans certaines circonstances, un retour aux anciens, voilà de nouveaux programmes d’Instruction civique et morale. Enfin de nouveaux programmes qui ressemblent curieusement aux précédents. On a rajouté « et morale » pour éduquer à la laïcité mais le contenu ?

Ajoutons une petite journée sur le sujet, cela ne mange pas de pain. Et si, de nouveau, ce jour-là, cela désorganisera un peu les établissements scolaires, habitués qu’ils sont à être sollicités pour tout –sécurité routière, sida, contraception, danger des drogues, justice, police…- les autorités auront fait le nécessaire vis à vis de la jeunesse. Et puis remettons peut-être à l’honneur l’uniforme, enfin discutons en…La bonne conscience sera là.

Un petit zeste maintenant de la nécessité d’un retour au respect et une ABSOLUE priorité donnée aux « fondamentaux », à savoir l’enseignement du Français et des Mathématiques. Et, tout ceci permettra de courir « sus au décrocheur »- les actions entreprises datent déjà d’une quinzaine d’années mais considérons ce nouveau slogan comme une nouveauté-.

Quelle révolution !

 Mais qui osera s’en prendre à des programmes aberrants, concoctés par des « sommités » qui n’ont aucun contact avec la réalité de l’élève ? Qui soulèvera le problème de l’extrême dispersion des savoirs ? Qui parlera de la cause première de la perte d’autorité du maître ?

Qui vient régulièrement contester la punition, la façon d’enseigner, le règlement si ce n’est le géniteur ? Il ne s’en rend même pas compte, la sanction n’est jamais applicable à son enfant car son enfant est unique ; ce n’est pas un saint certes mais il ne ment jamais ou bien il se laisse entraîner et puis il a compris…La fracture entre l’école et les parents est là : l’une  est dans le collectif, l’autre, de manière irrémédiable ; dans l’individuel. Cette totale opposition génère ce que le parent appelle le «  manque de dialogue » et déclenche toutes formes de violence. Comment ne pas penser que tout ceci va rejaillir sur l’élève ?

Rien ne pourra être réformé si les adultes ne modifient pas leur façon de considérer l’institution. Et ce n’est pas en permettant à tout un chacun de se croire capable d’enseigner (voir désormais tous ceux qui se proposent d’intervenir auprès des adolescents pour porter la bonne parole), que l’on rendra son autorité au maître. Pauvre école qui me semble une cause perdue d’avance !

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