J’ai lu : 1948, de Hugo Blum

Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr

C’est un pari audacieux que s’est lancé Hugo Blum avec cet ouvrage inclassable titré 1948. Le sous-titre annonce la couleur :Transposition de Quatre-vingt treize de Victor Hugo, ou comment expliquer l’origine du conflit israélo-arabe en puisant dans l’origine de la République française. Entre roman historique et manifeste politique, 1948 reprend donc une intrigue tirée de la Révolution française, et de la contre-révolution vendéenne qui lui fit face, et la replace en Palestine, à l’heure de la proclamation de l’Etat d’Israël.

Sous la plume de Hugo Blum, les populations arabes du Moyen-Orient deviennent les Chouans et les sionistes reprennent le rôle des Révolutionnaires. Au-delà du défi littéraire, fort honorable, que s’est lancé Hugo Blum, l’auteur nous livre un travail ambitieux, dense voire baroque me semble-t-il, n’évitant hélas pas les redondances, voire parfois les contradictions.

J’ai apprécié dans ce livre l’évocation d’un épisode historique que beaucoup ignorent ou feignent d’ignorer, à savoir la sympathie des principaux dignitaires musulmans du monde arabe des années trente et quarante pour le régime nazi, sympathie réciproque si l’on en croit les échanges « fructueux » qui eurent lieu entre Hitler ou Himmler et le tristement célèbre mufti de Jérusalem Amin Al Husseini, échanges qui se concrétisèrent sous la forme de la division ss musulmane Hansharr en Bosnie.

J’ai moins apprécié certaines affirmations qui me paraissent quelque peu légères et une volonté absolue de l’auteur de chercher à légitimer l’existence a priori d’une unité, et donc d’une spécificité arabo-palestinienne. N’étant pas un spécialiste de la question, j’accorderai donc le bénéfice du doute à Hugo Blum au sujet de certaines assertions. De plus, L’ami des auteurs n’est pas une tribune politique et n’a donc pas vocation à entrer dans le débat. Je ne prendrai donc qu’un seul exemple : Hugo Blum cite volontiers des versets bienveillants du Coran, sans toutefois tenir compte du fait qu’il existe dans le livre saint de l’Islam des versets abrogateurs et des versets abrogés. Je ne m’étendrai pas.

Il n’en demeure pas moins que pour avoir relevé un bon nombre de points similaires, la lecture de 1948 m’a laissé un sentiment mitigé. Je laisserai donc le fond de côté pour conclure sur la forme et saluer le jeu littéraire auquel s’est livré l’auteur.

Je ne peux non plus achever cette critique sans souligner que 1948 reste avant tout un roman qui reste attrayant, très documenté, et qui sait être poignant, voire captivant par endroits, et ce sur un sujet qui n’en finit pas de sentir le soufre. Il fallait donc oser et Hugo Blum l’a fait, ce qui lui vaut donc tout le respect de L’ami des auteurs.

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