Mort sûre d’amours, de Vincent Blénet

Chez Vincent Blénet, la douleur, l’angoisse et le sentiment d’oppression laissent peu de répit. Et lorsque cet auteur emblématique de la Compagnie littéraire, de livre en livre, personnifie son mal-être sous la forme de créatures surnaturelles en proie à des passions démoniaques, ce n’est que pour mieux plonger le lecteur dans le tourbillon de ses tourments.

Mais lorsqu’un gouvernement entreprend de confiner la population, de la museler et de l’assommer d’une propagande inique, le tourbillon des tourments devient alors un abîme au fond duquel l’enfermement n’est plus une vue de l’esprit, aussi chaotique soit-il. Il devient une réalité, une croix supplémentaire à porter, un fardeau quotidien.

Lorsque le prisonnier effectue quelques pas dans sa cour de promenade, les rues de Montpellier, il ne devine pas des visages derrière les masques, mais bel et bien d’autres masques, encore plus inhumains sans doute. Et lorsque sonne l’heure du couvre-feu, le théâtre d’ombres se met en pause. Montpellier se vide durant l’entracte.

Vous l’aurez compris, dans Mort sûre d’amours, Vincent Blénet l’écorché vif de Montpellier commente à sa manière un an de privation de libertés au nom d’une doctrine sanitaire sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. Or, dire, dans un tel contexte, est hélas un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre en France.

Seul Vincent Blénet peut se le permettre, car, pour faire un jeu de mots bien facile et usé jusqu’à la corde, il a ses mots et ses maux bien à lui, qu’il ne demande qu’à partager avec ses lecteurs le temps d’un livre.

 

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