J’ai lu : Deus, de Patrick Garcia

Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr

Deus, le roman de science-fiction signé Patrick Garcia, reprend un thème que l’on retrouve périodiquement dans la littérature ou le cinéma fantastique, à savoir celui du huis-clos. Des personnages qui ne se connaissent pas, coupés du monde, doivent s’unir pour surmonter cette situation inédite, ou tout simplement ne pas s’entre-dévorer.

Dans Deus, j’ai retrouvé un peu du film Cube de Vincenzo Natali, du film Le village de M Night Shyamalan, ou encore de la série télévisée Le dôme. Ici, huit personnages, donc, inconnus les uns des autres, sont brusquement arrachés, un jour, à leur routine, à leurs soucis quotidiens, et bien entendu à leur famille et leurs amis, pour se retrouver réunis dans une maison baptisée Casa Nostra et entourée de forêts et d’une barrière invisible qui les maintiennent prisonniers.

Puis, peu à peu, un nouvel univers se construit, un nouveau personnage fait son entrée. Qui est-il? Pourquoi n’est-il pas arrivé en même temps que les autres? Tous les pensionnaires-prisonniers de Casa Nostra sont marqués, tels du bétail, d’une énigmatique lettre D. D pour Dieu? D pour Démiurge? Ou D pour Docile?

Le nouvel arrivant, lui, n’arbore pas ce signe distinctif. Pourquoi ce privilège? Les captifs entendent obtenir des réponses par tous les moyens, y compris les plus extrêmes. Pourtant, le mystère s’épaissit bientôt, avec l’apparition d’un hologramme gigantesque. Est-ce là la manifestation, de ce fameux Deus, maître absolu de cet univers de pacotille, de ce lieu clos et sans espoir?

Je ne dévoilerai pas, bien sûr, toutes les péripéties de ce roman assez bien mené, mais dont la fin manque peut-être un peu de surprise, ou d’ambition. Il n’est pas facile, je le reconnais, de se risquer sur le terrain de la science-fiction et de la métaphysique, dans lequel tant de maîtres ont excellé. L’effort de Patrick Garcia doit donc être salué en conséquence. Pour le reste, chaque lecteur se fiera à sa propre sensibilité.

Au delà de l’histoire qui nous est contée, ce sont les thématiques du livre de Patrick Garcia qui lui confèrent un intérêt certain. Qui sommes-nous? Comment pouvons-nous être sûrs que ce que nous percevons de nous n’est pas une illusion? Monde matériel ou monde matriciel? Et Dieu dans tout ça? Créateur omniscient ou projection de notre propre esprit créateur?

Dans ce piège métaphysique, une issue reste cependant possible. Et si Dieu, finalement, se repentait de cette création qui sème plus le chaos que l’harmonie? Ce Deus, qui croit posséder toutes les clés, n’en a-t-il pas négligé une? Celle que l’un des pensionnaires de Casa Nostra pourrait bien avoir trouvé.

Laquelle? Pour le savoir, il vous suffit de lire Deus, de Patrick Garcia.

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